Né en 1969

Vit et travaille à Nice

Depuis, trop d’esprits chagrins ont annoncé la mort de la peinture dans une glose aussi oiseuse que soporifique. Les mêmes, ou leurs semblables, évoquent aujourd’hui un retour en grâce et se piquent d’étudier ce phénomène miraculeux. Pourtant, pendant t out ce temps, dans leurs ateliers, des hommes et des femmes ont continué à se confronter à cet art, ignorant les proses inutiles, œuvrant sans relâche à leur labeur.

Jean-Simon Raclot est de ceux-là.

Il nous propose de vivre une expérience singulière et, d’emblée, nous invite à dépasser les apparences pour accéder à la vérité même de la peinture. Nous ne nous situons pas par rapport au réel mais par rapport à la vraisemblance de l’œuvre et à sa finalité. Car c’est bien là son véritable sujet, la peinture.

Ses œuvres sont comme saturées d’une nature teintée d’accents fantastiques, d’une végétation luxuriante, d’une nature augmentée en somme. Elles le sont à tel point que nous nous retrouvons devant un silence assourdissant. Nous attendons l’événement, le fabuleux. Cette attente nous étourdit. Face à cette représentation du non-événement, il nous faut chercher à tout prix, retrouver notre chemin dans cette croissance exubérante de signes dessinant une formulation poétique dont l’importance dépasse jusqu’à l’image qu’ils composent.

Lors de cette savante opération esthétique, il nous amène à adopter une position critique. L’expérience est poussée à son point extrême. Le moment devient réflexif et nous conduit à vivre notre propre expérience de la conscience. Dans cette position fragile, nous tentons de nous échapper en quelque sorte, de nous réfugier avec Jean-Simon Raclot dans cette vérité qu’est, pour lui, le moment du “faire”. Le fabuleux est là, dans l es gestes du peintre, dans la préparation des pigments, des vernis mais aussi dans les recherches, expérimentations et pratiques quotidiennes de l’artiste.

Avec une étonnante générosité, il nous amène à nous retrouver avec lui à ce moment de doute terrible de l’artiste peintre face à son cheval et à nous poser cette question fondamentale :

Pourquoi la peinture ?

C’est dans cette question vertigineuse parce que sans réponse que réside l’intérêt de ce médium. Nous voilà devenus acteurs, nous aventurant dans ce monde perdu, sans repères dans ce décor qui est celui, pour reprendre l’expression si juste de Jean-Luc Blanc, d’un théâtre vide où il nous faut vivre notre propre rôle avec la force et la conviction qui sont aussi celles du peintre d’aujourd’hui ui et tenter d’accéder à ce que l’artiste dévoile et révèle : une vérité intérieure indicible que nous devons chercher dans le fouillis de nos états d’âme, dans l’enchevêtrement de nos doutes, atteindre donc ce qu’il nous est impossible de décrire, en raison de sa nature même, de sa force, de sa beauté.

Yves Peltier