Dispositifs évolutifs et installations éphémères lui permettent d’explorer la prolifération incontrôlée de micro-organismes dont les transformations et changements d’état sont autant de moments nécessaires à l’activation de l’œuvre et à son développement, au sens le plus concret du terme. Bâtisseur d’univers aléatoires et fragiles, Michel Blazy aime manipuler les matières, tenter d’en contrôler disparition et transformation ou, bien au contraire, en être entièrement dépendant. Les micro-événements que l’aventure suscite sont essentiels aux déploiements du parcours : germinations souhaitées ou accidentelles, dessiccations et altérations des matières, moisissures et pourrissements microscopiques, dégradations des surfaces, dégénérescences, transmutations, décrépitudes des formes, toutes ces énergies fébriles du vivant sont revendiquées par l’artiste comme autant d’opérations essentielles à l’élaboration de l’œuvre.

Le vivant ne se conçoit pas sans de multiples énergies mortifères, métamorphoses et nombreuses étrangetés. Les œuvres de l’artiste intègrent cette complexité qui se déploie avec toutes ses ambiguïtés, son caractère parfois inquiétant, voire repoussant. Araignées, peau de bête, trophée de chasse, champignon atomique, squelettes… autant de sculptures en matières comestibles qui forment un étrange bestiaire, un cabinet de curiosités paradoxales.

Statique sous un certain angle, le travail de l’artiste est en réalité habité par une multitude d’infimes mouvements qui ne cessent de faire et de défaire les formes à chaque instant, déroutant les catégories de la perception, aussi bien que celles du monde de l’art.